Il a développé, au contact des demandeurs d’asile, des personnes âgées et des personnes handicapées, de nouvelles formes d’accompagnement social et a placé, au cœur de son engagement, des valeurs humanistes sur lesquelles s'appuie aujourd'hui encore la Fondation.
Né en 1902 à Jitomir en Ukraine, Alexandre Glasberg va connaître les pogromes de 1919 et 1920 et s’enfuir à Vienne en 1921 pour y faire ses études. Il arrive en France en 1931 et est ordonné prêtre en 1938.
Affecté à la paroisse Notre-Dame de Saint-Alban dans un faubourg pauvre de Lyon, il s’engage fortement dans l’action sociale, notamment auprès des demandeurs d’asile : républicains espagnols, des Allemands et Autrichiens, juifs et non juifs, fuyant le régime nazi.
De 1940 à 1942, Alexandre Glasberg va principalement s’employer à sortir des camps ouverts par le régime de Vichy, le plus grand nombre possible de personnes internées. Il institutionnalise le travail de prise en charge des exclus. Il crée le Comité d’Aide aux réfugiés.
Très vite il travaille en réseau avec des organisations juives (l’OSE - l’Œuvre de Secours aux Enfants, les Eclaireurs israélites de France) et protestantes (la Cimade). Il rencontre ainsi une intellectuelle juive agnostique, d’origine russe, Nina Gourfinkel. C’est avec elle, et avec le Dr Joseph Weil, qu’il fonde au printemps 1941 la Direction des Centres d’Accueil. Il s’agit de sortir les internés des camps du gouvernement de Vichy, pour les placer à l’abri dans des maisons où ils peuvent retrouver une vie plus normale.
La Résistance, protéger les exclus et sauver des vies
En 1942, les convois vers les camps d’extermination nazis se multipliant, A. Glasberg se démène pour mettre ses protégés en lieu sûr et transforme les papiers d’identités des résidents en « non déportables ». Après l’invasion de la zone libre le 11 novembre 1942, son action ayant pris beaucoup d’ampleur, A. Glasberg est condamné à mort par contumace et recherché par la Gestapo. Il prend la fuite vers le diocèse de Montauban.
Sous le nom d’Élie Corvin, curé de la paroisse d’Honor-de-Cos, il poursuit son activité d’aide à la résistance et au sauvetage des juifs. Il organise le parachutage d’armes et leur stockage, le placement en lieu sûr d’enfants juifs, il gère la confection et la distribution de faux papiers d’identité. Il devient ainsi l’un des principaux responsables de la résistance dans le Tarn et Garonne, membre actif du Maquis Ornano, du Maquis Bir Haqueim et du mouvement « Combat ». Son frère, Vila Glasberg, est arrêté par la Gestapo. Se faisant passer pour Alexandre, il est déporté le 7 mars 1944, à Auschwitz d’où il ne reviendra pas.
A la Libération, Alexandre Glasberg poursuit son action : le 7 décembre 1944, il transforme avec Nina Gourfinkel et Ninon Haït Weyl, la Direction des Centres d’Accueil en association loi 1901, sous l’appellation Service des Étrangers. La tâche immédiate est l’aide aux réfugiés rescapés des camps nazis. L’association sera rebaptisée en 1946 Centre d’orientation sociale des étrangers (COSE), deviendra COS au début des années soixante, puis Fondation COS Alexandre Glasberg en octobre 2018.
Alexandre Glasberg a profondément marqué de son empreinte la philosophie et l’identité de l'association COS qu’il a dirigé jusqu’à sa mort en 1981. Les valeurs d’humanisme, de solidarité et d’engagement qu’il lui a insufflées ont contribué à son développement et constituent aujourd’hui encore le fondement des actions de la Fondation.
Un engagement sans frontière au service de la dignité de l’Homme
Parallèlement à son action au sein du COS, A. Glasberg manifeste un grand intérêt à la création d’un État en Palestine pour ses anciens coreligionnaires. Il est très impliqué dans « l’odyssée » de l’Exodus en 1947.
En 1948, face aux persécutions de la communauté juive en Irak, il monte avec tout un réseau de complicités en Irak et en Iran, un véritable pont aérien entre Téhéran et Israël. C’est environ 140 000 personnes qui rejoignent Tel Aviv par cette voie. Très vite, il prend aussi conscience de la nécessité de promouvoir un dialogue israélo-palestinien, et il s’investit dans l’organisation de rencontres entre les deux peuples.
En 1971, il fonde avec quelques amis fidèles, le pasteur Jacques Beaumont, le Docteur Gérold de Wangen et Jacques Debu-Bridel, l’association France Terre d’Asile. Portugal, Russie, Turquie, Algérie, Cameroun… aucune misère au monde ne lui est étrangère et pour toutes ces victimes de l’injustice il poursuit son combat.
Alexandre Glasberg meurt le 22 mars 1981. Le 27 octobre 2003, la médaille des justes parmi les nations lui est décernée par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem.
Pour en savoir plus :
- voir le 19/20 de France 3 Rhônes-Alpes sur Alexandre Glasberg : "Hommage aux justes de France "
- Découvrir le film « Son Esprit vit encore », réalisé en juin 2019 par Jill et Nick Lampert.
- Découvrir dans "Affaires sensibles" sur France Inter, le rôle d'Alexandre Glasberg dans l'incroyable sauvetage des enfants du camp de Vénissieux en 1942 : " Les enfants de Vénissieux : la résistance en soutane "
Trois ouvrages récents pour en savoir plus sur Alexandre Glasberg :
- L’abbé GLASBERG, du sauvetage des Juifs à l’accueil des migrants de Christian SORREL, Editions Ampelos, 2022.
- La formidable histoire d’Alexandre Glasberg. Résistant, pionnier social, prêtre non-conformiste (1902-1981) de Nick LAMPERT, Editions Karthala, 2021.
- Vous n’aurez pas les enfants de Valerie PORTHERET, Editions XO, 2020.