Conférence : la mise en place d’un accueil avec alcool à la maison relais COS Quancard

Maison Relais La Cité
Evénement
Conférence : la mise en place d’un accueil avec alcool à la maison relais COS Quancard
En présence de M. Jean ARIBAUD, Président du COS, l’équipe de la Maison Relais COS Quancard à Bordeaux a présenté le 16 octobre dernier la démarche en cours au sein de la résidence : la mise en place d’un accueil avec alcool selon les principes fondamentaux de la Réduction des Risques dans les consommations d’alcool.

Face à un public très attentif, constitué de nombreux partenaires soucieux d’accueillir et d’accompagner au mieux les publics rencontrés, mais aussi d’usagers de la résidence comme d’autres dispositifs, les intervenants ont exposé le cadre conceptuel comme les modalités pratiques de cette expérience pilote en Nouvelle Aquitaine.

 

Une nouvelle manière d’envisager les conduites de consommation d’alcool

Au cours de l’année 2018, et après avoir obtenu un financement de l’ARS suite à un projet présenté en 2017, l’équipe et les résidents de la maison relais se sont lancés dans l’aventure de totalement revisiter les modes d’accueil et d’accompagnement proposés en mettant en place un accueil avec alcool au sein de la résidence. Au delà d’une nouvelle manière d’envisager les conduites de consommation d’alcool, le travail de fond concerne la globalité d’un mode novateur d’accueil.

 

Cette démarche a été encadrée et soutenue par Matthieu FIEULAINE, anthropologue, formateur et alcoologue qui a conceptualisé l’approche en Réduction des Risques concernant les consommations d’alcool.

 

Elle s’est déroulée en 3 étapes :

  • Une étape diagnostic, afin de procéder à un état des lieux des représentations personnelles et professionnelles, des pratiques et du cadre institutionnel concernant les consommations d’alcool.
  • Une étape de formation, afin d’accompagner l’équipe de la maison relais dans une démarche d’appropriation de connaissances dans ce domaine en termes neurobiologiques, comportementaux, sociaux et de facteurs de risques.
  • Une étape d’accompagnement au changement, phase dans laquelle l’équipe se situe aujourd’hui, afin de réfléchir aux actions mises en place, d’analyser et de réguler leurs effets.

 

En parallèle, les résidents ont été consultés, informés et associés en permanence à ce projet par le biais du Comité de Concertation des Résidents, des Conseils de la Vie Sociale, d’échanges informels, de bilans en temps collectifs comme en individuels.

 

Parce que dépasser les représentations communément partagées sur « ce qui va de soi » ne va justement pas de soi

Parce que considérer l’autre comme « sachant »  et reconnaître ses stratégies propres d’adaptation même si elles apparaissent très coûteuses d’un point de vue sanitaire, social et personnel, demande à changer totalement de paradigme.

Le travailleur social accompagne la démarche de soin éventuelle comme le refus de soin, il accompagne les consommateurs comme les non consommateurs. Il accompagne sans jugement chaque individu dans sa singularité et ses modes d’adaptation propre au monde dans un espace socialisé. 

Accompagner les conduites de consommation, mettre en place des conditions favorables à un mode de consommation le moins néfaste possible, sans aucune injonction ni d’abstinence ni de limitation quelle qu’elle soit, demande à l’accompagnant de renoncer à son illusion de maitrise, renoncer à une relation de fait dissymétrique. Il passe de l’interdit arbitraire à l’accompagnement et la reconnaissance.

Ni tolérance, ni laisser faire, le cadre institutionnel s’impose comme à tout citoyen qui reste totalement responsable des comportements qu’il pose au travers d’états d’alcoolisation éventuels comme au travers d’autres conduites inacceptables au quotidien. La visibilité des consommations ne dédouane pas pour autant les conduites qui peuvent en  découler. Au contraire, aborder sans tabou la question de l’alcool, ses effets sur le collectif ou la relation inter personnelle, est facilité et donc plus facilement élaboré.

Ne plus induire la honte chez le consommateur, ne plus l’infantiliser par un interdit supra légal, accompagne sur le chemin d’une dignité retrouvée, vers une reconnaissance de la manière de chacun d’être au monde, sans jugement ni à priori, sans savoir à la place de...

 

Du dogme sanitaire et des injonctions impossibles, le professionnel se centre sur l’amélioration de la qualité de vie, la stabilisation des consommations.

Au-delà de la conduite, il s’attache au sujet social dans son ensemble, lui offre des expériences, des lieux et des possibilités de consommation dans des espaces d’échanges apaisés.  Il garantit l’accès aux droits fondamentaux et à la reconnaissance primordiale.

Aujourd’hui, un premier constat :

  • La qualité d’échange sur les questions de consommations est meilleure et apaisée                                                           
  • Les personnes consommatrices s’isolent moins et partagent des moments de convivialité
  • Aucun événement indésirable n’est à noter concernant des conduites éventuellement liées à des états d’alcoolisation important.
  • La « juste proximité » résidents/salariés est renforcée au-delà de la question des consommations d’alcool ou autres.  

 

                             

« Notre erreur est d’essayer d’obtenir de chacun en particulier les vertus qu’il n’a pas et de négliger de cultiver celles qu’il possède. »

Marguerite YOURCENAR 

 

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